La Commission sur les écrans parcourt les écoles

MARC LAROUCHE

Amélie Dionne préside la Commission québécoise sur les écrans. Photo : Archives Le Placoteux

La Commission sur les écrans, présidée par la députée de Rivière-du-Loup–Témiscouata (incluant les Basques) Amélie Dionne, poursuit sa tournée de consultation dans les écoles du Québec pour mieux comprendre l’impact des écrans et des réseaux sociaux sur les jeunes.

« Nous voulons placer les jeunes au cœur de notre démarche. La tournée des écoles est une étape cruciale de nos travaux, car elle nous permet d’entendre directement leur point de vue et de saisir leur réalité », explique-t-elle.

Après une première série de rencontres dans l’Est-du-Québec, incluant la Côte-Nord, la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, Mme Dionne partage ses impressions sur les discussions qui se sont déroulées dans plusieurs établissements primaires et secondaires.

Bien informés
Dès les premières rencontres, la Commission a constaté que les élèves sont bien informés sur les risques associés aux écrans et aux réseaux sociaux, et qu’ils appuient la démarche de la Commission. « Les jeunes sont conscients des dangers, mais ils sont aussi réalistes : ils savent que la technologie fait partie intégrante de leur vie, et pour certains, il est difficile de s’en détacher, un peu comme pour nous, les adultes », souligne Mme Dionne.

Les discussions ont abordé des sujets variés, tels que le temps d’écran, la cyberdépendance et les enjeux de cyber-intimidation. Elle remarque : « Même au primaire, les élèves nous parlent des effets des réseaux sociaux, et expriment des inquiétudes quant à la distinction entre le réel et le virtuel. »

Un autre constat marquant concerne la possession d’appareils dès le plus jeune âge. « La majorité des jeunes que nous avons rencontrés possèdent un téléphone ou une tablette dès 12 ans — parfois même avant —, surtout dans les régions rurales où les distances rendent difficile le contact en personne », observe
Mme Dionne. Selon elle, pour ces jeunes, le téléphone devient bien plus qu’un simple outil de divertissement. « Ils l’utilisent pour communiquer, pour se divertir, pour apprendre. Plusieurs nous ont confié qu’ils aiment aller en ligne pour approfondir leurs passions, écouter de la musique, ou suivre des artistes inspirants. »

Mme Dionne a également relevé que les jeunes ayant des activités parascolaires ou sportives ont tendance à passer moins de temps devant leurs écrans. « Certaines équipes sportives interdisent carrément l’usage des téléphones lors des pratiques, ce qui, selon plusieurs jeunes, les aide à se concentrer sur le jeu et à tisser des liens avec leurs coéquipiers. » Cette sensibilisation à une utilisation plus équilibrée des écrans semble d’ailleurs encouragée par plusieurs parents, surtout pour les élèves plus jeunes. « On voit que l’encadrement parental est très présent au primaire, mais plus variable au secondaire. Les jeunes nous disent eux-mêmes qu’ils aimeraient que leurs parents jouent un rôle d’exemplarité à ce niveau », conclut-elle.

Consultation
populaire en ligne

La Commission a lancé en complément une consultation en ligne sur le site de l’Assemblée nationale, permettant à tous de partager leurs réflexions sur le sujet. Cette consultation, qui se poursuit jusqu’au 31 janvier, vise également les jeunes de
14 ans et plus, incluant ceux au cégep et à l’université.

« Nous voulons vraiment obtenir une prise de conscience collective, car chacun a quelque chose à dire sur le sujet. Nous recevons beaucoup de questions de la part des parents, des éducateurs, et même des grands-parents, tous préoccupés par l’omniprésence des écrans dans la vie des jeunes », indique Mme Dionne.

Pour certains jeunes, l’idée d’une réglementation accrue suscite des réserves. « Oui, il y a des inquiétudes chez certains, mais d’autres se disent en faveur d’un encadrement, surtout lorsqu’ils constatent les effets positifs de telles mesures », explique Mme Dionne, qui donne l’exemple d’une école privée où les téléphones sont interdits en classe. « Les élèves de cet établissement ont témoigné que cette règle les aide à mieux socialiser, et à se concentrer sur leurs études. Ils s’accommodent bien de l’interdiction, et beaucoup estiment que cela leur permet de vivre davantage dans l’instant présent. »

Le rapport final de la Commission est prévu pour mai 2025, mais d’ici là,
plusieurs étapes restent à franchir. Après les Fêtes, d’autres auditions publiques à l’Assemblée nationale sont prévues pour approfondir des questions essentielles telles que les effets des écrans sur la santé physique et mentale des jeunes, et les enjeux de cybersécurité.

« Nous avons déjà entendu une quarantaine d’experts en septembre, mais certains sujets demandent encore des éclaircissements, notamment en ce qui concerne la majorité numérique et les normes de protection des données. Nous voulons nous assurer d’avoir une vision complète avant de finaliser nos recommandations », précise Mme Dionne, insistant sur l’importance de la sensibilisation.

« Il ne s’agit pas de bannir les écrans, car nous vivons dans une ère numérique, mais bien de promouvoir une utilisation consciente et réfléchie. Nous devons encourager des pratiques saines, et donner aux jeunes les outils pour naviguer dans cet univers de façon équilibrée. » (M. L.)